La transformation des établissements médico-sociaux est devenue un enjeu majeur face au vieillissement de la population. De nombreux directeurs, équipes et acteurs du territoire cherchent désormais des solutions pour améliorer la qualité de vie des résidents, soutenir les professionnels et proposer des lieux réellement adaptés.
Dans ce contexte, la logique domiciliaire s’impose progressivement comme une approche solide et pragmatique : recréer un environnement qui s’éloigne de l’institution pour se rapprocher du chez-soi, en tenant compte des usages, du quotidien, des rythmes et des besoins réels des personnes âgées.
Les échanges du colloque organisé par ATHOM – l’Académie de la Transformation de l’Habitat et de l’Offre Médico-sociale ont permis de mettre en lumière les grandes tendances actuelles et les leviers concrets de transformation.
Recréer le “chez-soi” : un levier majeur pour améliorer la qualité de vie
L’un des fondements de la logique domiciliaire est la transformation architecturale.
Pour qu’un EHPAD devienne un lieu de vie, il doit s’affranchir de certains codes institutionnels : faux plafonds, sols très techniques (plastique), mobiliers standardisés ou couleurs froides.
Remplacer ces éléments par :
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des matériaux plus chaleureux (parquet, tissus, rideaux),
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des lumières douces,
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des cuisines conviviales,
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des salons de petite taille,
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des chambres plus spacieuses et plus intimes,
permet de créer un environnement apaisant et familier.
Ces ajustements ne relèvent pas seulement du design : ils influent directement sur le confort, la sérénité et l’appropriation des lieux par les habitants comme par leurs familles.
Liberté et sécurité : un équilibre bénéfique pour les résidents
La logique domiciliaire repose sur une nuance importante : la liberté ne s’oppose pas à la sécurité.
Au contraire, lorsqu’elle est encadrée intelligemment, elle contribue au bien-être et à la préservation des capacités.
Parmi les libertés essentielles à maintenir :
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pouvoir ouvrir un réfrigérateur,
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recevoir ses proches simplement,
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sortir ou accéder aux extérieurs,
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conserver son animal de compagnie,
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vivre selon son rythme personnel.
Ces permissions simples renforcent le sentiment de normalité, diminuent l’anxiété et réduisent l’agitation. Elles soutiennent aussi l’autonomie et la continuité de vie.
Autodétermination : redonner le pouvoir d’agir
La logique domiciliaire valorise l’autodétermination.
L’enjeu n’est pas de faire à la place des personnes, mais de leur permettre de faire par elles-mêmes, autant que possible.
Cette approche se traduit par :
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l’adoption de la tenue civile pour les équipes,
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une évolution du vocabulaire (“maisons”, “salons”, “habitants”),
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la participation aux gestes du quotidien,
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un mobilier pensé pour faciliter les actions ordinaires.
Ces pratiques renforcent l’estime de soi, la dignité, et permettent de ralentir la perte d’autonomie.
Petites unités : une organisation plus humaine
Un autre pilier de transformation consiste à réduire la taille des collectifs pour créer des unités de vie plus petites, d’une douzaine de résidents.
Ces unités favorisent :
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un accompagnement plus personnalisé,
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une vie quotidienne partagée,
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moins de bruit et moins de stress,
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des relations plus stables,
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la valorisation des métiers (agents devenant maîtres·ses de maison).
Ce modèle, très adapté aux troubles cognitifs, apaise et structure la vie de tous.
Transformer sans tout bouleverser : avancer étape par étape
La logique domiciliaire ne nécessite pas systématiquement de lourds travaux.
Elle peut s’installer progressivement :
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en transformant un salon,
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en rénovant quelques chambres pilotes,
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en réorganisant les circulations,
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en adaptant le mobilier,
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en introduisant la tenue civile,
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en revisitant des rituels et des usages quotidiens.
Ces petits pas créent des changements durables, portés par les équipes et alignés sur les besoins des résidents.
Le rôle essentiel de l’AMO dans cette transformation
Pour réussir cette transition, les établissements ont besoin d’un accompagnement structuré.
Le rôle de l’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) est déterminant pour :
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clarifier les objectifs,
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accompagner la direction et les équipes,
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structurer les choix architecturaux, techniques et organisationnels,
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co-construire avec les usagers,
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concilier ambition domiciliaire et réglementation,
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coordonner l’ensemble des phases du projet.
Cette expertise permet de transformer une intention en un projet concret, cohérent et opérationnel.
Conclusion : vers des EHPAD plus humains et plus adaptés
La logique domiciliaire n’est pas une tendance : c’est une évolution profonde de la manière de penser les établissements du grand âge.
Elle replace l’humain au centre, valorise les gestes simples, rétablit des libertés essentielles et propose un cadre de vie plus apaisant.
Cette transformation se construit progressivement, en respectant les équipes, les réalités du terrain et le quotidien des habitants.
Elle ouvre la voie vers des EHPAD plus dignes, plus doux, plus adaptés, véritablement pensés comme des lieux de vie.
La logique domiciliaire : une approche essentielle pour repenser les EHPAD