Vendredi 5 septembre, j’ai eu la chance d’assister à la 5ᵉ édition d’Objectif Inclusion Emploi, un événement organisé par Mengrov aux Échappées Belles à Lyon.
Une matinée singulière, entre tables rondes et moments de danse, car nous étions dans une salle de danse, qui a illustré à merveille ce fil rouge : l’inclusion est vivante, mouvante, et se construit collectivement.
Au cœur des échanges : le collectif né autour du quartier inclusif D-Side à Décines-Charpieu. Sur une friche industrielle, em2c a initié une démarche inédite : faire d’un projet immobilier un projet commun sociétal, fédérant collectivités, associations, entreprises et habitants. Aujourd’hui, ce collectif est une réussite en soi, avec la diversité et la richesse des acteurs qui y participent.
Table ronde 1 – D-Side, une philosophie du commun
Avec Yohann Patet et Élodie Labalme (em2c), Carole Vergne et Yvan Revellin (OVE).
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em2c, en tant qu’aménageur et promoteur, a rappelé son rôle moteur : porter ce projet depuis des années et impulser une démarche collective. Chaque opération n’est pas seulement un bâtiment, mais un support pour faire émerger un mini-collectif autour de l’inclusion. Pour l’entreprise devenue société à mission, l’inclusion fait désormais partie de l’identité même.
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OVE, par la voix de Carole Vergne et Yvan Revellin, a partagé une vision très humaine : changer le regard porté sur les publics empêchés, redonner à chacun un pouvoir d’agir et faire en sorte que personne ne soit réduit à ses troubles. Leur conviction : la force du collectif, c’est de remettre chacun sur un pied d’égalité.
Cette table ronde a donné le ton : D-Side, c’est avant tout la philosophie du commun, l’envie de « mieux appréhender le sens » et de « toucher à l’universel ».
Table ronde 2 – Attractivité et quête de sens
Avec Bénédicte Cezard (GRIM), Caroline Félix (La Ruche Industrielle) et Camille Bouvier (APF France Handicap).
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GRIM s’est engagée dans une réflexion RSE poussée (labellisation ISO 26000). Pour Bénédicte Cezard, accompagner les salariés a un coût, mais il faut assumer cet investissement car l’impact sociétal est immense. Elle rappelle que dans le champ de la santé mentale, le lien social est sans doute le plus difficile à tisser, et qu’il est vital de s’y atteler.
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La Ruche Industrielle, installée à Vénissieux, réunit des industriels pour travailler ensemble à produire mieux, plus durable, plus humain. Caroline Félix a plaidé pour casser les silos, importer des idées venues d’ailleurs, mettre de l’audace et du plaisir au cœur du travail.
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APF France Handicap (Camille Bouvier) a partagé son expérience de mutualisation des ressources pour mieux intervenir auprès des personnes. Pour rendre les métiers attractifs, il ne suffit pas de parler de sens : il faut offrir des leviers concrets, comme la formation et la possibilité d’évolution, et surtout co-construire avec les « experts du vécu ».
Leur point commun : l’inclusion n’est pas seulement un idéal, elle peut devenir un levier d’attractivité et de fidélisation dans des secteurs en tension.
Table ronde 3 – Passerelles entre milieu protégé et milieu ordinaire
Avec Sylvain Valois (Ocellia), Aurélie Mandler (Messidor), Guillaume Noca (Volvo Trucks) et Rayan Achir (ALGED).
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Ocellia a souligné la nécessité d’outiller les professionnels pour transmettre aux travailleurs handicapés les codes du milieu ordinaire.
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Messidor a insisté : il ne suffit pas d’avoir les compétences pour intégrer le milieu ordinaire. Sans estime de soi, l’insertion est impossible. L’accompagnement doit donc d’abord renforcer la confiance personnelle.
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Volvo Trucks (Guillaume Noca) a témoigné de l’expérience menée avec l’ALGED : accueillir dans ses équipes des travailleurs en situation de handicap est non seulement un choix humain, mais aussi un levier de performance. Les résultats opérationnels atteints par l’ALGED sont parfois supérieurs à ceux de l’entreprise elle-même car les travailleurs sont très investis.
Et puis il y a eu le témoignage qui a marqué tous les esprits : celui de Rayan Achir, salarié de l’ALGED, intégré chez Volvo Trucks.
Il a partagé avec émotion sa fierté d’avoir un badge d’entreprise, symbole d’appartenance et de reconnaissance. Pour lui, ce badge renforce le sentiment d’appartenance, et il le dit : » Je me sens plus épanoui. »
Un moment fort, qui rappelle que l’inclusion n’est pas qu’une politique ou une stratégie : c’est une réalité qui transforme des vies.
Table ronde 4 – RH, marque employeur et nouvelles organisations
Avec Muriel Zel Boch (ExtraMint) et Guewen Faibre (Elao).
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Muriel Zel Boch a pointé l’importance de la marque employeur : soigner le parcours candidat, donner de la considération, valoriser ce qui fonctionne bien. Le rapport au travail a changé depuis le Covid : les attentes en termes d’équilibre de vie doivent être intégrées dans les pratiques RH.
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Elao (Guewen Faibre) a partagé son expérience dans le secteur de la tech, où les métiers sont récents et les profils difficiles à trouver. Leur réponse : créer l’entreprise qu’ils n’avaient pas trouvée ailleurs, avec davantage de transparence et de flexibilité. Les collaborateurs choisissent leur organisation du temps (4, 4,5 ou 5 jours) en fonction de leur parcours de vie.
Conclusion
La matinée s’est terminée avec les remerciements de Pascal Blanchard à l’ensemble des acteurs impliqués dans cette dynamique.
Ce que je retiens
De cette matinée, trois convictions me guident :
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L’inclusion est un moteur collectif, quand des acteurs très différents s’unissent autour d’un projet de territoire.
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Elle est aussi un levier d’attractivité et de performance pour les entreprises.
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Mais surtout, elle a un impact humain profond : permettre à chacun, comme Rayan, de se sentir reconnu et épanoui.
L’inclusion n’est pas une option. Elle est la clé d’une société plus juste, plus humaine et plus durable.