Stratégie immobilière médico-social et collectivités : comment décider quand ce n’est pas votre métier ?

Conférence Idée Force à Lyon : maire, acteurs médico-sociaux et experts immobiliers échangent sur la stratégie patrimoniale, la rénovation des bâtiments et l’adaptation des lieux de vie pour les publics fragiles.

Stratégie immobilière médico-social et collectivités : comment décider quand ce n’est pas votre métier ?

Introduction

Dans le médico-social comme dans les collectivités, la stratégie immobilière occupe une place de plus en plus centrale : bâtiments vieillissants, normes renforcées, besoins des usagers qui évoluent, pression budgétaire, transition écologique… Pourtant, l’immobilier n’est pas leur cœur de métier.
Comment alors prendre les bonnes décisions pour son parc immobilier, anticiper les coûts, prioriser les interventions, choisir entre rénovation et démolition/reconstruction, ou encore définir le bon montage opérationnel ?

Lors de la conférence Idée Force du 27 novembre, ces questions ont été largement partagées. Elles rejoignent les problématiques que je rencontre chaque jour dans l’accompagnement des établissements médico-sociaux et des collectivités.
Voici une analyse structurée des enjeux, et des pistes concrètes pour avancer.

Un parc immobilier important, vieillissant… et au cœur de la mission sociale

Les acteurs médico-sociaux et les collectivités possèdent ou gèrent souvent un patrimoine immobilier conséquent : EHPAD, foyers, résidences, écoles, équipements communaux, logements, locaux associatifs…
Dans un contexte normatif exigeant (RE2020, accessibilité, décret tertiaire, performance énergétique), ils doivent arbitrer entre :

  • rénover ou reconstruire,

  • garder ou céder du foncier,

  • adapter les bâtiments aux nouveaux usages,

  • investir là où les besoins se transforment.

Ces choix structurants impactent directement :

  • la qualité de vie des résidents,

  • les conditions de travail des équipes,

  • la satisfaction des habitants,

  • la maîtrise des coûts d’exploitation,

  • et la capacité à répondre aux besoins futurs.

Le défi est simple : l’immobilier n’est pas leur métier, mais ils sont obligés de s’y intéresser pour remplir leur mission sociale.

Rénovation, extension ou démolition-reconstruction : des arbitrages lourds pour les équipes

Les gestionnaires de bâtiments (directeurs d’établissements, DGS, élus, services techniques…) se retrouvent face à des questions complexes :

  • Jusqu’où rénover un bâtiment ancien ?

  • À partir de quel seuil une démolition-reconstruction devient-elle plus pertinente ?

  • Comment anticiper 10, 20 ou 30 ans de maintenance ?

  • Comment concilier contraintes réglementaires, performance énergétique et qualités d’usage ?

  • Quel montage choisir : bailleur social, foncière, promoteur, maîtrise d’ouvrage propre ?

Une phrase entendue lors de la conférence résume parfaitement l’enjeu :
« Le coût d’un bâtiment, c’est 1/3 à la construction et 2/3 après. »
Ce sont donc la durabilité, la maintenance et l’adaptabilité qui doivent guider les choix.

Le cœur de métier : l’accompagnement des usagers et le service aux habitants

Ce que partagent les associations médico-sociales et les collectivités, c’est la volonté :

  • de proposer des lieux de vie confortables et sécurisants,

  • de préserver l’autonomie,

  • de faciliter le travail des soignants et des équipes,

  • d’accueillir les habitants dans de bonnes conditions,

  • et de répondre aux enjeux sociaux et territoriaux.

L’immobilier devient alors un levier au service de la mission sociale, mais aussi un terrain très technique, chronophage et parfois source de risques.

Trois briques indispensables pour une stratégie immobilière efficace

Pour décider en confiance, sans s’épuiser, les acteurs ont besoin de s’appuyer sur trois compétences distinctes et complémentaires :

1) La stratégie patrimoniale (vision long terme du parc immobilier)

Elle permet de :

  • analyser l’état du patrimoine,

  • prioriser les investissements,

  • anticiper les risques,

  • définir une trajectoire réaliste pour 5, 10 ou 20 ans,

  • choisir les bons montages opérationnels.

Cette brique donne un cap.

2) Le pilotage de projet (AMO – Assistance à Maîtrise d’Ouvrage)

C’est là que les décisions deviennent opérationnelles :

  • programmation,

  • études,

  • coordination des partenaires,

  • optimisation des coûts,

  • suivi des travaux,

  • arbitrage entre usages, contraintes et budgets.

L’AMO opérationnel garantit que le projet reste cohérent, fluide et centré sur les besoins réels des usagers et des habitants.

3) La gestion et l’exploitation (property management / gestion technique)

Une fois le bâtiment livré, tout commence réellement :

  • maintenance,

  • sécurité,

  • performance énergétique,

  • gestion des contrats,

  • plan pluriannuel de travaux,

  • optimisation des charges.

La gestion conditionne la durabilité, la sérénité des équipes et la qualité de vie au quotidien.

Internaliser ou externaliser : trouver le bon équilibre pour votre organisation

Selon la taille de la structure, ses enjeux, son budget et ses ressources internes, ces trois compétences peuvent être :

  • internalisées (direction technique, service patrimoine, DG…),

  • externalisées (bailleur, foncière, AMO, bureaux d’études…),

  • ou hybrides, selon les besoins.

Il n’existe pas de modèle idéal.
Ce qui fonctionne, c’est un modèle clair, où chacun sait :

  • qui porte la vision patrimoniale,

  • qui pilote les projets,

  • qui gère les bâtiments au quotidien,

  • et comment ces compétences se coordonnent avec les équipes et les usagers.

Conclusion : l’immobilier comme levier de qualité de vie et d’autonomie

Définir une stratégie immobilière est devenu incontournable pour les établissements médico-sociaux comme pour les collectivités.
Pas pour devenir experts en technique, mais pour garantir :

  • des lieux de vie dignes,

  • des espaces de travail fonctionnels,

  • des bâtiments durables et performants,

  • et des projets alignés avec les besoins réels du territoire.

La clé réside dans la collaboration, l’écoute et la mobilisation de compétences complémentaires.
C’est ainsi que se construisent, et se transforment, des lieux qui prennent véritablement soin des personnes.

Stratégie immobilière médico-social et collectivités : comment décider quand ce n’est pas votre métier ?